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Quand le ciel nous tombe sur la tête

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Avec la multiplication d’envois d’engins dans l’espace, la chute de débris spatiaux est devenue très fréquente sur Terre, mais n’a jamais fait de victimes.

Depuis les débuts de l’activité spatiale en 1957, plus de 7 000 satellites ont été lancés dans l’espace. À l’heure actuelle, seuls 800 sont actifs, mais il y aurait plus de 29 000 débris spatiaux (satellites inactifs, étages de fusée, sangles…) de plus de 20 cm en orbite autour de la Terre. Et autant susceptibles de nous tomber sur la tête un beau jour. Si la majorité de ces objets reste en orbite, il arrive que certains retombent sur Terre. C’est ce qui devrait arriver à la station spatiale Tiangong-1 (« palais céleste » en chinois) d’ici la fin de l’année 2017 ou le début de l’année 2018.

Ces chutes sont fréquentes, et les agences spatiales font en sorte de les contrôler afin que la plus grande partie des structures se désintègre en pénétrant dans l’atmosphère, ou que les objets s’écrasent dans le cimetière des objets spatiaux (où repose depuis 2001 la station spatiale Mir), au milieu de l’océan Pacifique. Mais le module expérimental chinois Tiangong-1, lancé en 2011 pour tester les technologies nécessaires à la mise en orbite d’une station spatiale habitée, et qui n’est plus opérationnel depuis 2013, est devenu hors de contrôle : l’agence spatiale chinoise ne maîtrise plus les actions sur les moteurs de la station, qui permettent en théorie à la structure de rester sur l’orbite idéale. En revanche, il est possible de suivre son trajet vers la Terre ici. L’engin de 8,5 tonnes et de dix mètres de long se trouve actuellement à moins de 300 km de notre planète.

Si à Pékin la directrice adjointe du bureau des vols spatiaux habités, citée par l’agence officielle Xinhua tente de rassurer en affirmant que « la plus grande partie du laboratoire spatial se consumera durant la chute », d’autres scientifiques, comme Jonathan McDowell, astrophysicien à Harvard, interrogé par le Guardian, estiment que des débris pouvant atteindre 100 kg pourraient s’écraser sur Terre.

Une faible probabilité de collision humaine

Ce ne serait pas la première fois que le ciel nous « tombe sur la tête ». Et jusqu’ici, les chutes incontrôlées de débris spatiaux n’ont jamais fait de victimes.

La probabilité qu’un débris spatial heurte un humain est de 1 sur 3 200

L’un des événements de ce type les plus spectaculaires a été la chute de la première station spatiale Skylab, en juillet 1979, dont on a retrouvé des morceaux dans le désert australien. Lors de la désorbitation de Salyout 7 (l’ancêtre russe de Mir) le 7 février 1991, censée disparaître dans les flots de l’Atlantique Sud, les restes de l’engin de 37 tonnes s’étaient disloqués au-dessus de la ville de Capitán Bermúdez, en Argentine, sans faire de blessés. Quelques années plus tard, en 1997, dans l’Oklahoma, une femme avait été touchée par un petit morceau de fusée Delta retombant sur Terre, mais plus de peur que de mal. La même année, on avait observé la chute du réservoir d’une fusée Delta 2 au Texas.

Même les milliers de morceaux de la navette Columbia tombés sur le territoire américain en 2003, lors de son explosion au retour dans l’atmosphère, n’ont blessé personne. Dernièrement, un morceau de la fusée Ariane VA221 indienne, qui a décollé de Kourou en décembre 2014 avec un satellite indien à son bord, a fini sa course en mai 2015 dans un marais du nord du Brésil. Ces restes métalliques aventureux, qui n’attendent pas les instructions des scientifiques et s’échouent de façon prématurée et incontrôlée sur le globe, finissent le plus souvent dans des musées.

Alors que la station spatiale Tiangong-1 semble se rapprocher dangereusement de la Terre, la NASA rappelle que la probabilité qu’un débris spatial heurte un humain est de 1 sur 3 200. Les océans recouvrent 70 % de la surface de la planète et seuls 2,5 % des terres émergées sont habitées.

Les risques provoqués par les débris spatiaux sont plus importants dans l’espace. La Station spatiale internationale (ISS) effectue régulièrement des manœuvres pour éviter le risque de collision avec les déchets spatiaux. En moins d’un quart de siècle, le nombre de débris suffisamment gros pour détruire un vaisseau spatial a plus que doublé, selon les participants d’une conférence de l’Agence spatiale européenne (ESA) à Darmstadt, en Allemagne en avril 2017. Rolf Densing, directeur des opérations de l’ESA, s’était déclaré « très préoccupé » par ce chiffre. Il plaide pour une véritable prise en compte de ce problème à l’échelle mondiale, à l’heure où les débris spatiaux représentent la première cause de mortalité des satellites.

Cet article de Clotilde Ravel a initialement été publié sur le site de RFI.

 

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