Je publie ici un texte envoyé par un fidèle lecteur … chercheur (et trouveur à l’occasion) de son état et grand précurseur en matière de santé. En voici la teneur …
LE CAUCHEMAR DU PETIT CORNICHON
Il était une fois un petit cornichon qui regardait souvent les informations télévisées. Il finit par s’étonner d’entendre nos élus ressasser les mêmes problèmatiques et mettre en oeuvre des solutions qui marchaient généralement très mal, voire pas du tout. En fait, il s’aperçut qu’ils ne cherchaient pas tant à résoudre quoi que ce soit qu’à faire plaisir à leurs électeurs ; leur seul et unique objectif, inavoué, étant d’être réélus. Après avoir mûrement réfléchi à la manière de sortir de cette impasse, une envie irrésistible d’élaborer des solutions faisant enfin appel au simple bon sens finit par le tenailler.
Un soir, après s’être endormi dans son bocal, il rêve aux sujets qu’il aimerait aborder. Il faudrait une bonne fois examiner les problèmes posés par l’Homosexualité, pense-t-il. Aussitôt, un Grec sculptural et magnifique apparaît avec une pancarte sur laquelle est écrit : « Attention, les Homophobes devraient être pendus par le sexe ».
La queue du cornichon étant très fragile, il abandonne tout de suite ce projet.
Peut-être pourrais-je m’intéresser à la manière de faire cohabiter une Société laïque comme la nôtre avec l’Islam ?
Aussitôt un ayatollah déchaîné lui apparaît qui lui crie : « Attention à ce que tu vas dire, les Islamophobes sont considérés comme des ennemis du Prophète. Pour les femelles, c’est la lapidation, quant aux mâles, on les égorge ». L’égorgement d’un cornichon étant particulièrement douloureux, une telle éventualité le dissuade immédiatement de poursuivre dans cette voie.
Et si je commençais par une petite enquête sur la Shoah, c’est quand même beaucoupmoins dangereux. Là, c’est le Ministre de la Justice qui se manifeste, trônant devant d’une balance géante. Un monceau de livres de lois est placé sur l’un des plateaux et on lui fait signe de grimper sur l’autre grâce à une échelle quasiment impraticable. Parvenu au sommet, il est pris d’un vertige juridique. « Comme tu le vois, tu es très loin de faire le poids, le fléau n’a même pas frémi. D’autre part, fais bien attention. La Shoah est un sujet Tabou. Surtout, il est absolument interdit de refaire le compte des victimes. Tu risques le révisionnisme du statut actuel des cornichons de ton genre et l’enfermement dans un bocal garni de barreaux et mal fréquenté. Si le fléau de la balance n’a pas frémi, il n’en a pas été de même pour lui et il ne peut s’empêcher de penser que le mot fléau peut parfaitement s’appliquer à certains personnages éminents.
En désespoir de cause, il décide de faire appel à la sagesse du Roi des Cornichons, lequel apparaît en Grande Pompe (au niveau de son unique chaussure). « Tu devrais t’intéresser aux problèmes de l’Éducation Nationale, c’est un sujet d’actualité qui intéresse tous les cornichons ». Lui apparaît alors un cortège de syndicalistes brandissant des pancartes décorées de slogans divers. Une envie irrésistible de connaître la raison précise d’un déploiement d’énergie aussi rare l’incite à interroger le chef d’orchestre, lequel lui déclame d’un ton théâtral : « Qui t’a rendu si vain, toi qu’on n’a jamais vu un diplôme à la main ? En l’absence de tout parchemin, petit cornichon tu es, petit cornichon tu resteras. Sache que si tu veux conserver tes chances de devenir un vieux cornichon, tu n’as qu’à faire et dire ce que l’on te demande de faire et de dire.
Tu sembles ignorer encore, ce qui prouve ton peu d’intelligence, que nous sommes les meilleurs spécialistes de la pensée unique. Le mieux pour toi, c’est d’arrêter une fois pour toutes de penser par toi-même. Dis-toi que nous sommes là pour ça. Tu devrais même nous remercier te d’éviter ainsi tout effort de réflexion. » Le petit cornichon se sent tellement humilié qu’il cherche une riposte. Une idée quelque peu aventureuse et risquée germe tout à coup dans sa petite tête. Toi qui es si instruit, accepterais-tu d’éprouver l’énormité de ton QI en résolvant une énigme digne d’OEdipe et du Sphinx ?. Le détail de cette histoire antique ne peut avoir disparu de ta vaste mémoire. Si c’est la peur d’échouer qui te retient, rassure-toi, je serai magnanime, tu ne seras pas obligé de te suicider ».
Un tel défi, proféré devant le troupeau de ses adeptes, oblige notre super-diplômé à accepter le challenge. « J’attends ta question ».
« Quelle est la différence entre un canard et un politicien diplômé ? »
Après un long silence, le super-diplômé reconnaît son impuissance. « Ça n’est pourtant pas difficile. Il est vrai que la réponse n’étant pas dans les livres, cela explique ton ignorance. Pour y répondre, le simple bon sens suffit, il faut seulement savoir observer, ce qui n’est pas donné à tout le monde, sauf aux petits et même parfois aux grands cornichons.
Ce discours fait monter la pression de la meute des moutons qui commence à s’agiter. « Alors, cette réponse, elle vient ? » … « Eh bien, lorsqu’ils parlent, les canards et les politiciens font tous les deux coin-coin : les
canards quand ils ont quelque chose à communiquer à leur entourage et les politiciens quand ils n’ont rien à dire, simplement pour manifester leur présence afin qu’on ne les oublie pas. »
Une avalanche de pancartes s’abat aussitôt sur le petit cornichon, qui a l’impression de se réveiller. Il prend alors conscience que la France est un merveilleux pays où l’on prend soin de vous indiquer ce qu’il faut faire, ce qu’il faut dire et même ce qu’il faut penser. Ne pas se vêtir des oripeaux distribués gracieusement par la garde-robe de la pensée unique vous expose à des désagréments propres à vous faire rentrer dans le rang.
Il a soudain l’impression qu’un fossé, pour ne pas dire un gouffre, s’est creusé entre le savoir et l’intelligence. Une idée lumineuse, incongrue et absolument interdite, lui traverse l’esprit et il s’écrie : « Tout s’explique : le savoir est devenu le domaine exclusif des intellectuels diplômés ; il ne reste que l’intelligence aux petits cornichons ».
Cette fois, l’avalanche de pancartes qui s’abat sur lui est si violente qu’il se réveille pour de bon. Il prend alors conscience qu’il s’agit peut-être d’un rêve prémonitoire, ce qui le pousse à se lever précipitamment pour refermer le petit bocal à cornichon dans lequel il s’était assoupi.
JJeremie pour le petitcornichon.com