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Préservation de l’environnement : le pari gagné du barrage hydraulique de Romanche-Gavet

Nanabio

La filière hydroélectrique française, première énergie renouvelable produite en France, continue à se développer et à se réinventer pour adopter des techniques plus respectueuses de l’environnement. En témoigne l’immense chantier hydraulique du site EDF de Romanche-Gavet qui semble être parvenu à répondre à tous les défis écologiques et sociaux posés par la construction de cette structure monumentale.

La France est le 2ème pays européen producteur d’hydroélectricité derrière la Norvège. Avec une production de 63,9 TWh en 2016, l’hydroélectricité représente environ 12% de la production nationale, ce qui en fait la première énergie renouvelable française (1/3 de l’énergie électrique renouvelable française provient de cette filière).

Si la filière hydroélectrique est souvent vantée pour son faible coût d’exploitation et ses maigres émissions de CO2, elle est en revanche tout autant acculée pour ses impacts négatifs sur l’environnement. Et pour cause, la création d’un barrage conduit généralement à la modification irrémédiable des écosystèmes terrestres et aquatiques environnants, si ce n’est à des conséquences plus dramatiques encore (telles que la destruction de la Cascade des Sept Chutes après l’installation du barrage d’Itaipu en 1982).

Pourtant, au cœur de la région Rhône-Alpes, sur le site de Romanche-Gavet, il semblerait qu’EDF soit parvenu à minimiser les impacts environnementaux négatifs du barrage. Débuté en 2012, le chantier pharaonique qui s’étend sur 10 hectares a d’abord nécessité le déboisement et le terrassement de neuf hectares de terrain. Un « mal nécessaire » qu’EDF a voulu compenser au mieux.

L’Etat français avait déjà demandé à EDF de dresser un inventaire des espèces présentes sur le site et un rapport des mesures de compensation des impacts du projet avant d’autoriser le lancement des travaux. 51 espèces protégées avaient alors été recensées, ce qui n’a pourtant pas entaché le lancement du projet, le Conseil national de la protection de la nature (CNPN) lui ayant rendu un avis favorable.

La décision rendue par le CNPN s’explique en partie par le fait que la future centrale de Romanche-Gavet était la contrepartie du démantèlement de six anciennes centrales présentes dans la vallée de Romanche. Ainsi, une fois la nouvelle centrale mise en service (2020), cinq des six anciens barrages seront déconstruits pour laisser place à des opérations de renaturation qui auront lieu de 2021 à 2024. La centrale des Vernes qui est quant à elle inscrite aux Monuments historiques depuis 1994, sera conservée.

De plus des « mesures compensatoires » avaient été décidées pour remédier en partie aux impacts négatifs de la construction du barrage et des installations attenantes. Ainsi, EDF s’était engagé à renaturer 57 hectares des zones voisines où la biodiversité est menacée (sur le Pont de Gavet et l’île Falcon). Pour Céline Barbiero, chef de projet Romanche-Gavet chez EDF, les mesures déployées pour développer la biodiversité sont concluantes :

« Il y a eu des diagnostics avant le chantier et, chaque année, nous regardons l’état des lieux. Or nous constatons un développement certain des espèces actuellement. Oui, il y a une augmentation des espèces sur ces zones de compensation. »

Mieux encore, les équipes d’EDF ont récolté 500 kg de graines sur ces mêmes zones de compensation pour renaturer les 9 hectares qui avaient été déboisés pour les besoins de la construction du barrage. Depuis, la nature reprend progressivement ses droits et Céline Barbiero détaille même que les mouflons se sont réappropriés les alentours du barrage.

Pour ce qu’il en est de la vie aquatique, la chef du projet explique que l’installation d’une passe à poissons « permettra aux truites de la Romanche de remonter ce barrage qui a un dénivelé qu’elles ne pourraient pas franchir naturellement sans cet ouvrage. » De plus, le démantèlement des anciennes centrales rétablira « une continuité du cours d’eau de la Romanche, depuis Gavet jusqu’à Bourg d’Oisans », précise le communiqué de presse d’EDF, ajoutant que des techniques de « génie végétal » viendront favoriser la diversité des habitats de la faune aquatique.

Ajoutons enfin que 75% des installations dédiées au fonctionnement de la centrale hydroélectrique sont souterraines et ne viendront donc pas défigurer le paysage. Et pour couronner le tout, EDF a contraint les sociétés contribuant au chantier à embaucher au minimum 5% de personnes en situation d’insertion sociale parmi leurs employés. Ainsi, 11 personnes ont été embauchées à temps plein grâce à ce dispositif !

Avec un impact environnemental presque neutre, ce grand projet qui a su tenir ses paris laisse présager un bel avenir à la filière hydroélectrique qu’on croyait pourtant au bord de la saturation (on considère que 95% des capacités hydrauliques françaises sont déjà exploitées). La centrale de Romanche-Gavet, qui prend le relai à elle seule des 5 anciennes centrales voisines, devrait augmenter la production hydroélectrique locale de 30% et ainsi produire 560 GWh/an, soit la consommation moyenne de 231 000 habitants.

Source : https://lareleveetlapeste.fr

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