Les déboires de l’EPR de Flamanville s’enchainent depuis son lancement en 2005. Entre les anomalies de fabrication cachées par EDF et Areva, le triplement du coût de fabrication qui culmine aujourd’hui à 10,5 milliards, et la mascarade généralisée d’une filière qui préfère jouer notre sécurité plutôt que de reconnaître son essoufflement, l’annonce de l’Autorité de la sureté nucléaire quant à sa volonté de donner le feu vert à la cuve EPR apparaît comme un véritable scandale démocratique qui n’a que trop duré. Mais pour une fois on nous demande notre avis, il est plus qu’urgent de nous mobiliser pour mettre le coup d’arrêt à ce projet délirant qui met en péril les salariés, l’environnement, et notre santé à tous !
Voilà aujourd’hui 12 ans que nous suivons les turbulentes pérégrinations du réacteur pressurisé européen (EPR) de Flamanville. L’EPR a été conçu par l’entreprise Areva au cours des années 1990 et 2000 pour améliorer la sécurité des réacteurs nucléaires après la catastrophe de Tchernobyl. Ces réacteurs, qui promettaient des systèmes de protection accrus contre les éventuels accidents, s’avèrent finalement bien compliqués à mettre en place, au grand dam des entreprises porteuses des projets qui se battent à corps perdu pour voir leurs projets se réaliser.
Initialement prévue à quatre ans et demi, l’EPR de Flamanville dont le projet a été lancé en 2005 par EDF et AREVA en est aujourd’hui à sa douzième année de fabrication. La cause ? L’incapacité technique et financière de ces entreprises et de leurs filiales à mener à bien un tel projet. Alors que les investissements pour la fabrication de l’EPR de Flamanville étaient déjà estimés à 3 milliards d’euros en 2007, ils atteignent aujourd’hui 10,5 milliards d’euros, plus du triple de la somme initiale.
Et de fait, si EDF et Areva n’avaient pas tant tenu à sauver ce projet, et si l’Autorité de sûreté nucléaire avait correctement joué son rôle de « gendarme de l’atome », voilà bien longtemps qu’il aurait dû être arrêté. Dès 2005, alors que la fabrication de l’EPR n’en était encore qu’à ses balbutiements, EDF et Areva avaient été prévenus que l’usine le Creusot Forge (Saône-et-Loire) ne serait pas en mesure de produire des pièces conformes aux normes de sûreté. Et les défauts de fabrication ne concernent pas seulement la fabrication de la cuve de l’EPR de Flamanville mais tout le secteur du nucléaire français depuis plus de 20 ans !
Concernant plus spécifiquement le réacteur de Flamanville, celui-ci contient trop de carbone (0,3% au lieu de 0,2%), un défaut qui pourrait avoir des conséquences désastreuses puisqu’il fragilise l’acier du réacteur et le rend plus susceptible de lâcher en cas de changements de température brutaux. Prévenue en 2005, ce n’est que dix ans plus tard qu’EDF et Areva rendront publics ces défauts de fabrication. Pour Greenpeace, la raison est claire : il ne fallait pas remettre en cause l’utilité de l’EPR puisqu’EDF et le gouvernement français avaient tout intérêt à « garder la filière opérationnelle en France ».
Pour empêcher EDF et Areva de déroger aux règles de sécurité nucléaire les plus élémentaires, Greenpeace et sept autres associations mènent une campagne pour mettre un terme définitif à la création de l’EPR de Flamanville. Greenpeace alerte :
« L’ASN ne peut plus prendre une décision de sûreté en toute indépendance et ne peut résister à la pression. Quant à nous, citoyens français, nous n’avons pas à payer le prix des erreurs stratégiques et techniques d’EDF et AREVA »
Et pourtant l’ASN a accordé son accord de principe à la cuve et au couvercle pourtant défectueux construits par l’usine du Creusot, enjoignant EDF de remplacer cette dernière en 2024. Pour Greenpeace :
« Sur une technologie aussi puissante mais donc potentiellement dangereuse que celle de l’EPR, il ne peut pas y avoir de demi-mesure sur la sûreté : ou bien les pièces sont conformes ou bien elles ne le sont pas. Il n’y a donc qu’une seule réponse possible : la cuve doit être rejetée, tout comme son couvercle. »
Sensible à la mobilisation des associations, l’Autorité de sûreté nucléaire a lancé une consultation citoyenne quant à la décision d’autoriser le lancement de l’EPR de Flamanville malgré les pièces non-conformes.Pour participer à la consultation citoyenne rendez-vous ici.
Contre ce dangereux jeu de roulette russe, nous devons faire entendre notre désaccord. Ne sacrifions pas notre sécurité au nom de la survie d’une filière largement dépassée qui montre chaque jour un peu plus sa dangerosité et son modèle à bout de souffle.