La fin des sacs en plastique gratuits et la vogue des produits naturels ont donné un coup de jeune au bon vieux filet à provisions en coton. Produit phare de la société normande Filt durant l’après-guerre, ce sac était peu à peu tombé en désuétude. « En 2010, on n’en vendait pas plus de 5 000 par an », déclare à Ouest-France Catherine Cousin, cogérante de Filt. Fondée en 1860, cette entreprise de Caen (Calvados) reste spécialisée dans le tissage et le tressage de cordons et de filets.
Lorsqu’il s’est agi de relancer la production des « filets de mémé », l’entreprise a dû rappeler une couturière partie à la retraite : cette dernière a transmis sa technique à ses collègues plus jeunes. Afin de mettre en valeur ce savoir-faire, le nom de la couturière figure désormais sur chaque sac. Mais fini le sac gris un peu tristounet, place aux filets de toutes couleurs, du pastel au plus vif, et de toute taille.
Nouveaux usages
Avec un produit pour enfant, un filet qu’on peut porter à l’épaule, un sac XXL pour le linge ou les jouets. Avec quelques adaptations, le filet peut aussi se transformer en gibecière pour le chasseur. Les qualités initiales du produit demeurent : un cabas solide, peu encombrant, lavable en machine et bon marché. En 2017, Filt, qui réalise un chiffre d’affaires de 1,3 million d’euros, a vendu 200 000 filets, dont la moitié à l’export. En particulier en Asie.
Les filets de Filt ont aussi d’autres usages : ils enveloppent les jambons d’Aoste, assurent l’essentiel des hamacs ou complètent évidemment les paniers de basket-ball. Une nouveauté : l’écharpe porte-bébé. L’entreprise normande a également conquis un marché de niche : elle tisse les mèches en coton des lampes Berger. Un véritable retour en grâce pour le filet hier encore remisé au placard.